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Chronique

Ramones Museum Berlin

RAMONES MUSEUM BERLIN

Mentionnez autour de vous à Berlin le Ramones Museum, on vous répondra sans doute : « Ah oui, c’est le musée qui est installé dans l’appart d’un type ! » Ce n’est pas, ou plus tout à fait vrai. L’aspect intime pourtant demeure : l’espace d’exposition, à une volée de marches du Café Mania, où sont délivrés les billets, s’élève ensuite par paliers successifs, du côté gauche, jusqu’à un toit en soupente. Encore quelques pas et il devient difficile, puis impossible de s’y tenir debout. Là on feuillette des magazines et fanzines punks vautré à même le parquet de bois blanc, tel le proverbial ado rebelle réfugié au grenier de la maison familiale, lire : pavillon de banlieue : aperçu plus ou moins romantique d’une Amérique profonde dont on ne sait si les Ramones en sont l’expression ou la négation. Cette soupente, pour tout dire, n’est pas non plus sans rappeler ces églises clandestines qu’on fait visiter à Amsterdam, ces greniers où les catholiques hollandais, après la victoire protestante, s’assemblaient pour pratiquer leur religion. Rien que de très normal à cela. Car d’une part Berlin, orpheline de trop de monuments, ne peut qu’avoir l’usage d’une nouvelle cathédrale ; et d’autre part les Ramones méritent mille fois qu’on leur rende UN CULTE parce qu’ils sont, sachez-le, ni plus ni moins que d’authentiques SAINTS… Mais si. Heureux les simples. Le Royaume des cieux leur appartient, Gabba Gabba Hey… D’où les reliques, incluant jusqu’à une paire de Converse, d’où les innombrables déclinaisons d’une même icône quadri-phallique au hiératisme presque médiéval (les visages et même les prénoms — Joey, Johhny,

Dee Dee, Tommy, Marky, Richie, CJ — changent, sans altérer la permanence de l’Idée) qui tapissent la salle. Ici c’est encore autre chose : une énorme photo de Johnny Ramone, très cool, la guitare en bandoulière, canette à la main, enseignant au chanteur puceau des Sex Pistols : « Regarde les oiseaux, mec, est-ce qu’ils ont besoin de taffer ? », l’autre en face crispé, pas dupe, peut-être déçu par ses héros qu’il devine en bons yankees plus bosseurs que des moines cisterciens, version ordre militaire : armures cuir, jean troué en guise de bure. On l’imagine assez, le Johnny Rotten, Antéchrist matérialiste dialectique (futur auteur de : This Is Not A Love Song, très dialectique ça !), grincer imperceptiblement entre ses dents pourries, lorgnant, accroché un peu plus loin sur le mur, le célèbre cliché des Ramones dans un wagon de métro new-yorkais graffité : « Peuh, me font penser à des peintres qui couvriraient de natures mortes les parois d’un navire en perdition... ». Qu'à cela ne tienne, Bertolt Brecht, lui, certifie bel et bien préférer le suprême détachement one-two-three-four des Ramones à tout l’expressionnisme punk, militant ou nihiliste, de l’Europe… Au sortir du petit local vidéo où l’on peut entre autres entendre un de leurs collaborateurs plus âgés déclarer qu’après les avoir entendu pour la première fois, il avait
« éclaté de rire tant ils étaient
mauvais
», le défunt dramaturge a ainsi confié qu’en permettant au spectateur de prendre ses distances par rapport au spectacle, et au public de prendre conscience de sa propre construction, les Ramones ont su réaliser mieux que personne l’idéal paradoxalement émancipateur du Verfremdungseffekt… D'ailleurs en tant que fils de militaire, Dee Dee, membre le plus fêlé de la (fausse) famille Ramone, a grandi en Allemagne. Allez savoir s’il n’y a pas un rapport ?

Frédéric Moulin

[Depuis mars 2017 le RAMONES MUSEUM et son fondateur Flo Hayler ont déménagé de la Krausnickstrasse, rue voisine des deux adresses que ZADIG a eues dans son quartier historique : le Scheunenviertel. Ceci pour retrouver son territoire d'origine : Kreuzberg, qu'évoque Francesco Masci dans l'autre légendaire texte à rapprocher de celui de notre ami Frédéric Moulin : L'ordre règne à Berlin, paru chez Allia éditeur en 2007]. 


RAMONES MUSEUM BERLIN
Nouvelle adresse :
Oberbaumstr. 5
10997 Berlin

EN VITRINE

"Madgermanes" de Birgit Weyhe

"Madgermanes" de Birgit Weyhe

Suivant les trajectoires de 3 personnages fictifs, Birgit Weyhe met en lumière le parcours de de ces 20.000 Mozambicains qui, au début des années 1980, ont été envoyés chez leurs "frères communistes", les Madgermanes comme Made(in)German(i)e, dans une RDA alors en quête de main-d'oeuvre. Leur situation, difficile, s'est rapidement dégradée à la chute du Mur de Berlin. Certains sont restés en Allemagne, d'autres sont retournés en Afrique, se retrouvant comme étrangers dans leurs terres dans les deux cas. Un témoignage sensible et éclairant qui met en perspective les questions des migrations, toujours plus d'actualité. Publié chez Avant-Verlag, Berlin 2016 et Cambourakis, Paris 2017 (traduction de l’allemand par Elisabeth Willenz).

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